(Re)trouver de la cohésion
L’Association des Préfets et des Représentants de l’Etat de la Francophonie (APREF), née à Paris le 23 novembre 2017, a désormais atteint un rythme de croisière, même si comme beaucoup, elle a vécu de plein fouet la crise sanitaire mondiale.
Elle a donc continué ses activités de manière normale en 2019, puis à distance en 2020.
Rappelons qu’elle a pour objectif de permettre aux préfets et représentants de l’Etat francophones de mutualiser leurs préoccupations et pratiques administratives en leur offrant un cadre de rencontres, d’échanges et de travail. Elle a également pour ambition de participer au sein de la Francophonie à la meilleure reconnaissance des cultures administratives des différents membres.
L’assemblée générale constitutive a ainsi permis de traduire ces objectifs dans des statuts qui servent de guide à l’association et auxquels ont adhéré tous les participants réunis à l’Ambassade du Togo à Paris le 23 novembre 2017 (Belgique- Etat fédéral et Fédération Wallonie Bruxelles-, Côte d’Ivoire, France, Liban, Maroc, Mauritanie, Québec, Roumanie, Sénégal, Suisse et Togo).
A l’image de son logo constitué d’un nuage de points multicolores, l’APREF entend ainsi mettre en regard la diversité des expériences professionnelles pour créer un véritable réseau de solidarités et d’expertises fondées sur les valeurs humanistes qui animent l’OIF.
Le premier Forum d’Abidjan en décembre 2018 fut un réel succès d’organisation et de participation, mais également eu égard à la qualité des exposés et aux suites positives qui ont pu en découler.
Le deuxième forum devait prendre place à Namur en décembre 2020. On sait ce qu’il en a été mais le Bureau de l’APREF a néanmoins souhaité marquer le coup en organisant un forum numérique sur le partage d’expériences Covid, le 3 décembre, avec près de 70 connexions.
Le président de l’APREF est M. Denis MATHEN, le Gouverneur de la province de Namur (Belgique). Il est entouré de deux vice-présidents, M. Félicien Ipou AMANI, Président honoraire de l’APREF et Préfet, Directeur de Cabinet du Ministre de l'Administration du Territoire et de la Décentralisation (Côte d'Ivoire) et M. Kodjo Kadevi ETSE, Préfet de la région de Zio (Togo), d’une Trésorière, Mme Valérie PENEAU, Inspectrice générale de l’administration (France), d’une Trésorière-adjointe, Mme Patricia LACHAT, Préfète du district d’Aigle du Canton de Vaud (Suisse), et bien entendu d’un Secrétaire général, M. Nicolas DESFORGES, Préfet, Directeur du pôle territorial du Secrétariat général pour l’investissement (France).
En complémentarité avec le Bureau et l’Assemblée générale, des correspondants régionaux doivent également permettre d’assurer un suivi des activités de l’APREF au sein des pays membres. Outre les membres du Bureau qui sont les correspondants régionaux pour leurs pays respectifs, d’autres ont également été désignés au Bénin, au Sénégal, en Mauritanie, ou encore en Guinée.
L’activité phare de l’APREF en 2021 sera donc son Forum qui se déroulera à Namur (Belgique) du 09 au 11 décembre.
Le thème choisi est celui du Représentant d’Etat acteur de la cohésion sociale.
En effet, après la session d’Abidjan fin 2018 axée sur les défis de la sécurité intérieure, il était déjà apparu tant dans les discussions de réseautage que dans les réflexions du Bureau, que les enjeux de la cohésion sociale se manifestaient avec un regain d’acuité un peu partout. Qu’il s’agisse de mouvements sociaux aux contours polymorphes, de contestations d’ordre socio-économique, environnementales ou climatiques, de tensions sociales suite à une situation de crise (catastrophes naturelles, accidents industriels,…), de remises en cause systémiques (crises politiques, institutionnelles, migratoires…), les représentants d’Etat sont confrontés à cette problématique et ce sur divers niveaux. C’est souvent celui du maintien de l’ordre public qui vient à l’esprit naturellement (contrôle et coordination), mais celui de la médiation et de la conciliation apparaît de plus en plus prégnant, de même que celui de la capacité de mobilisation d’acteurs, en fonction de l’évolution de nos sociétés (NTIC, médias sociaux,…), répondant aux besoins et à une demande forte de la population.
La crise Covid-19 n’a fait que renforcer ce sentiment. Cette pandémie aura eu le don de révéler bon nombre de failles dans nos sociétés ; les gestions de frontières, la question des libertés fondamentales, les modes de gouvernance, les rapports de force interétatiques,…mais bien entendu la limitation de nos contacts sociaux.
Bref, un parfait cocktail de tout ce qui peut amener les citoyens à s’isoler et à se diviser.
La proximité avec le territoire et le contact direct avec un niveau plus local font des préfets et représentants d’Etat des acteurs privilégiés dans l’impulsion qui peut être donnée aux dynamiques sociales et dans l’équilibre à (re)trouver afin de respecter les valeurs de solidarité, de respect de la diversité et d’engagement démocratique prônées par la Francophonie.
Le Forum de Namur sera donc articulé autour de trois tables rondes :
Table-ronde 1 – Le Représentant de l’Etat au quotidien face aux menaces contre la cohésion sociale
Les préfets et représentants de l’Etat sont confrontés au quotidien à des phénomènes qui participent à un équilibre entre fonctions étatiques régaliennes et Etats providences. Ainsi, pour les mouvements sociaux, manifestations, mouvements de grèves dans les prisons, dans le monde agricole sur les autoroutes, dans des entreprises de ressources stratégiques ou établissements de soin, bref partout où les principes d’ordre public trouvent à être appliqués, se dégage aussi pour le représentant d’Etat un rôle de conciliation et de médiation. Les exemples sont légion dans les thématiques (trans)migratoires, les conflits à propos d’établissements spécifiques,…
Ce sont alors d’autres outils qui sont utilisés pour la défense de valeurs communes fondamentales, de l’humanisme et de la démocratie, tels les contacts avec les acteurs sociaux, ou les actions de prévention de phénomènes impactants (radicalisation,…)
Le Représentant de l’Etat et la cohésion sociale dans sa dimension de mobilisation des forces : présentation d’une dynamique originale en province de Namur : AXUD
Sera évoquée la capacité de fédérer des acteurs sur des projets structurants de développement territorial, d’attractivité par le renforcement des liens sociaux, de lobby positif, de marketing territorial, de fonds structurels européens…
Les représentants d’Etat peuvent activer des leviers ou impulser des dynamiques socio-économiques en tirant profit de leur connaissance du terrain et de leur proximité avec tous les acteurs de développement au sein des territoires.
Table-ronde 2 – Le Représentant de l’Etat et la reconstruction de la cohésion sociale après une situation de crise.
Outre une crise sanitaire dont personne n’avait mesuré l’ampleur, de nombreuses autres situations de crise (catastrophes naturelles, accidents industriels, chimiques ou nucléaires, attentats, catastrophes ferroviaires,…) nécessitent dans tout pays d’être autant préparées en amont grâce à la planification d’urgence, que gérées au moment de leur survenance selon les principes du management de crise. Il est pourtant une phase essentielle qu’est l’après-crise, développant le concept de résilience. Souvent vécue comme une intégration des erreurs du passé afin de ne pas les commettre à nouveau dans le futur, ce concept se manifeste aussi par la capacité de nos sociétés à recréer du tissu social, par toute une série d’actions et d’aides à la reconstruction, par le développement d’actions ou de lieux mémoriels, de même que par l’anticipation via par exemple l’entretien d’un réseau d’acteurs.
Il sera dès lors intéressant de voir comment la durée d’une crise (cinétique lente ou longue, voire très longue dans le cas du Covid) influe aussi sur les processus de reconstruction du tissu social.
Cette table ronde sera subdivisée en deux parties :
- Focus en matière de résilience collective
- Aspects stratégiques et opérationnels de reconstruction